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" Q : Que savez-vous du duc d'Orléans qui est prisonnier en Angleterre?
Jeanne : Je sais que Dieu aime le duc d'Orléans. J'ai eu plus de révélations sur son fait que touchant homme qui vive, excepté mon seigneur le roi.
Q : Dites maintenant pourquoi vous avez pris un habillement d'homme?
Jeanne : Il a fallu changer mon habillement de femme et m'habiller en homme.
Q : Votre conseil vous l'a-t-il dit?
Jeanne : Je crois que mon conseil, en cela, m'a bien avisée.
Q : Que fîtes-vous à l'arrivée à Orléans?
Jeanne : J'ai envoyé une lettre aux Anglais qui étaient devant Orléans. Elle leur disait qu'ils partissent, comme il est porté en la copie de ladite lettre qui m'a été lue en cette ville de Rouen. Sauf deux ou trois mots qui sont dans la copie et pas dans la lettre. Ainsi est dit dans la copie: " Rendez à la Pucelle "; il faut y mettre "Rendez au roi ". Il y a aussi ces mots: " corps pour corps " et " chef de guerre ", qui n'étaient pas dans ma lettre à moi.
Q : Racontez ce qui est du fait de la rencontre avec votre prétendu roi.
Jeanne : J'arrivai sans empêchement auprès de mon roi. Étant au village de Sainte-Catherine de Fierbois, je commençai par envoyer au château de Chinon, où était le roi. J'y fus à midi et me logeai dans une hôtellerie. Après le dîner, j'allai vers le roi, qui était dans le château .
Q : Qui vous montra le roi?
Jeanne : Quand j'entrai dans la chambre du roi, je le reconnus entre les autres, par le conseil et révélation de ma voix, et lui dis que je voulais aller faire la guerre aux Anglais. "
(Procès de Jeanne d'Arc. 22 Février 1431. Neuvième séance du procès. Deuxième interrogatoire public)
La lettre aux Anglais est la suivante (annexée aux pièces du procès) :
"Jésus ! Maria !
Roi d'Angleterre, rendez à Jeanne clefs de toutes les bonnes villes que vous avez enfoncées ; car elle est venue de la part de Dieu ! Archers, compagnons d'armes gentils et vaillants qui êtes devant Orléans, allez-vous-en en votre pays, de par Dieu ! et si ne faites, donnez-vous garde de la bergère.
Ne prenez mie votre opinion que vous tiendrez France du roi du ciel, fils de sainte Marie ; mais la tiendra le roi Charles, vrai héritier, qui entrera à Paris en belle compagnie.
Si vous ne croyez les nouvelles de Dieu, en quelque lieu que vous trouverons, nous férirons dedans à horions, et si verrez lesquels auront meilleurs droits de Dieu ou de vous. Jeanne vous requiert que vous ne fassiez mie détruire. Si vous ne lui faites raison, elle fera tant que les Français feront le plus beau fait qui oncques fut fait en la chrétienneté.
Écrit le mardi de la grande semaine
Entendez les nouvelles de Dieu !
- Au duc de Bedfort, qui se dit régent de France pour le roi d'Angleterre".
" Q : La voix vous avait-elle dit, quand vous étiez jeune, de haïr les Bourguignons?
Jeanne : Depuis que j'eus compris que les voix étaient pour le roi de France, je n'aimai pas les Bourguignons. Les Bourguignons auront la guerre s'ils ne font ce qu'ils doivent, je le sais par ma voix. "
(Procès de Jeanne d'Arc. 24 Février 1431. Dixième séance du procès. Troisième interrogatoire public)
" Q : Quelle espèce de voix est-ce ?
Jeanne : Cette voix est belle et douce et humble, et elle parle français.
Q : Sainte Marguerite ne parle donc pas anglais ?
Jeanne : Comment parlerait-elle anglais, puisqu'elle n'est pas du parti des Anglais ? "
(Procès de Jeanne d'Arc. 1er mars 1431. Douzième séance du procès. Cinquième interrogatoire public)
Dieu peut-il être français ?
L'histoire de France tel qu'on l'apprend à l'école nous présente les accusateurs de Jeanne comme des hommes stupides ou corrompus, brutaux, de mauvaise foi, à la solde du roi d'Angleterre. Ils présentent des arguments ridicules comme le fait que Jeanne s'habillait en homme.
Certes cet argument existe, mais il n'est pas le principal. Et Jeanne représente un danger pour l'église bien plus que pour la monarchie anglaise.
Tout messianisme est un défi pour l'institution religieuse. Il remet en cause la nécessité de l'institution. De la même façon l'extrême gauche, qui prétend parler au nom du peuple, est un défi pour les instances politiques élues, qui ont le monopole de la représentation populaire. L'extrême droite, qui prétend parler au nom de la nation, est un défi pour l'État dont la parole est la seule voix officielle de la nation.
Au procès de Jeanne, Maître Pierre Maurice dresse (en français) le réquisitoire, qui est aussi une défense de l'institution religieuse. En présence de l'évêque Cauchon, du vice-inquisiteur de la foi et des autres juges, il reproduit la substance des douze articles de l'accusation, avec un résumé de la délibération de l'Université de Paris. Nous sommes loin de la stupidité et de la brutalité que l'on prête aux accusateurs.
" Jeanne, ma chère amie, il est temps maintenant, pour la fin de votre procès, de bien peser ce qui a été dit. Déjà quatre fois, tant par monseigneur de Beauvais que par les docteurs commis à cet effet, vous avez été avertie et admonestée soit publiquement, soit à part, et vous l'êtes de nouveau pour l'honneur et révérence de Dieu, pour la foi et la loi de Jésus-Christ, pour le rassérènement des consciences, pour l'apaisement du scandale causé, pour votre salut de l'âme et du corps. On vous a également démontré le dommage que vous avez encouru pour votre âme et votre corps, à moins que vous ne corrigiez et amendiez vos faits et vos dits en les soumettant à l'Eglise et en acceptant son jugement; ce à quoi jusqu'ici vous n'avez pas voulu entendre.
Déjà plus d'un, parmi vos juges, aurait pu se contenter des éléments acquis à la cause. Cependant par zèle pour le salut de votre âme et de votre corps, ils ont transmis l'examen de cette matière à l'Université de Paris, qui est la lumière des sciences et l'extirpatrice des hérésies. Après avoir reçu les délibérations de cette compagnie, vos juges ont commandé que vous seriez avertie de nouveau de vos erreurs, scandales et défauts, vous priant, exhortant et avertissant, par les entrailles de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui, pour la rédemption du genre humain, a voulu souffrir une mort si cruelle, de corriger vos faits et de les soumettre à l'Eglise, comme tout bon chrétien doit le faire. Ne permettez pas que vous soyez séparée de Notre-Seigneur Jésus-Christ qui vous a créée pour participer à sa gloire. N'élisez pas volontairement la voie de damnation éternelle avec les ennemis de Dieu, qui chaque jour s'efforcent d'inquiéter les hommes, en prenant le masque du Christ, des anges et saints, soi-disant tels, comme il est à plein contenu dans les vies des Pères et les Ecritures.
Conséquemment, si de telles visions vous sont apparues, n'y attachez pas votre créance. Repoussez au contraire de telles imaginations, acquiescez à l'avis des docteurs de l'Université de Paris, et autres, qui connaissent la loi de Dieu et la sainte Ecriture. Ils vous représentent que l'on ne doit pas croire à de telles apparitions, ni à aucune nouveauté insolite et prohibée, à moins de prophétie et de miracle.
Or ni l'un ni l'autre n'appuie votre présomption. Vous y avez cru légèrement, au lieu de recourir à la prière et à la dévotion, pour vous en assurer. Vous n'avez pas invoqué non plus de prélat ou autre docteur ecclésiastique qui pût vous instruire : ce que néanmoins vous auriez dû faire, attendu votre état intellectuel et votre simplicité.
Prenons un exemple : si votre roi, de son autorité, vous avait donné à garder quelque forteresse, en vous défendant d'y recevoir aucun survenant; quelqu'un, je suppose, se présente en disant qu'il vient de par le roi : eh bien! s'il ne vous offrait en même temps des lettres ou autres signes certains, vous ne devriez pas le croire et le recevoir. De même, lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ montant au ciel, commit à l'apôtre saint Pierre et à ses successeurs le gouvernement de son Eglise, il leur défendit pour l'avenir d'accepter qui que ce fût se présentant en son nom, à moins qu'ils n'en justifiassent autrement que par leurs propres assertions. Donc, tenez pour certain que vous ne deviez pas croire à ceux que vous dites s'être ainsi présentés à vous ; et nous, nous ne devons pas vous croire, puisque le Seigneur nous commande le contraire.
Jeanne, vous devez considérer ceci : lorsque vous étiez sur les domaines de votre roi, si un chevalier ou autre natif ou sujet, de son obéissance, s'était insurgé en disant : Je n'obéirai pas au roi, ni ne me soumettrai à ses officiers; ne l'auriez-vous pas jugé condamnable? Quel jugement porterez-vous donc de vous-même, enfantée par le sacrement de baptême en la foi du Christ, devenue fille de l'Eglise et l'épouse de Jésus-Christ, si vous n'obéissez aux officiers du Christ, c'est-à-dire aux prélats de l'Eglise ? Quel jugement donnerez-vous de vous-même? Désistez-vous, je vous prie, de vos assertions, si vous aimez Dieu, votre créateur, votre précieux époux et votre salut. Obéissez à l'Eglise en acceptant son jugement. Sachez que si vous ne le faites, si vous persévérez dans cette erreur, votre âme sera damnée au supplice et aux tourments éternels; et, pour votre corps, je doute beaucoup qu'il vienne à perdition.
Ne vous laissez pas retenir par le faux respect humain, par une vergogne inutile, qui peut-être vous dominent, à raison des grands honneurs que vous avez eus et que vous aurez perdus en agissant comme je vous dis.
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