1- Thalès : Généralités
Thalès (640-547 avant J. C.) est l’un des personnages principaux de l’histoire de l’Europe car c’est l’un des sept Sages de la Grèce antique.
Philosophe et mathématicien originaire de Milet (il n’est donc pas né en Grèce même), Thalès est resté célèbre pour avoir fondé en Ionie (Asie Mineur), l’école de physique et de philosophie qui reste la première école scientifique du monde grec.
Pour tous, c’est la figure emblématique de l’avènement des sciences en Europe et c’est principalement pour cette raison qu’il est valorisé. C’est un peu la fierté scientifique des occidentaux qui voient en lui le génie créateur de la géométrie. Il a par ailleurs reçu son nom de "Sage" à l’époque où Damasias était archonte d’Athènes (vers 582 avant J. C.).
- THALES
2- Thalès : Critique historiographique
La question qui convient de se poser est la suivante :
Comment le peuple grec, qui ne s’est jamais intéressé aux sciences d’une façon générale et qui plus est, n’a fait aucune découverte (pas même sa propre écriture qui lui a été léguée clé en main par les descendants de familles africaines vivant en Phénicie) a pu faire germer un Thalès ?
Voyons cela de près !
Le professeur Jean Pierre Vernant (1)confirme qu’au :
"Début du VIème siècle avant J. C., la pensée astronomique en Grèce ne repose pas encore sur une longue suite d’observations et d’expériences (...) Elle ne s’appuie pas sur une tradition scientifique établie (...) Dans la Grèce archaïque, il n’y a pas encore de sciences constituées ».
A vrai dire, l’attitude réfractaire des Grecs vis à vis des sciences de l’esprit était connue dans l’antiquité. Cette déclaration de l’historien ancien Flavius Josèphe nous le prouve [2]:
"Les Grecs n’ont pas dès l’origine tenu des annales officielles (...) L’insouciance des Grecs depuis l’origine, à consigner chaque événement dans les annales officielles, voilà surtout ce qui causa les erreurs et autorisa les mensonges de ceux qui plus tard voulurent écrire sur l’antiquité (...)".
Car non seulement chez les autres Grecs on négligea de rédiger des annales mais même chez les Athéniens, qu’on dit autochtones et soucieux d’instruction, on trouve que rien de semblable n’a existé, et leurs plus anciens documents publics sont, à ce qu’on dit, les lois sur le meurtre rédigées pour eux par Dracon, personnage qui a vécu peu avant la tyrannie de Pisistrate. Que dire, en effet, des Arcadiens qui vantent l’ancienneté de leur race ? C’est à peine si plus tard encore ils apprirent l’écriture (...)
Le pays de Grèce a essuyé mille catastrophes qui ont effacé le souvenir des évènements passés et à mesure qu’ils instituaient de nouvelles civilisations, les hommes de chaque époque croyaient que toute chose commençait avec la leur ; c’est tardivement aussi et difficilement qu’il connurent l’écriture ; en tout cas ceux qui veulent en reculer l’usage le plus loin se flattent de l’avoir apprise des Phéniciens et de Cadmos (...) Nulle part en Grèce on ne trouve de récit plus ancien que la poésie d’Homère
Voilà le fond du problème !
Comment peut-on faire germer des sciences dans un pays lorsque :
On ne tient aucune annale,
On n’observe aucune donnée de la nature,
On na pas inventé sa propre écriture,
On vit dans un climat (le froid) qui ne favorise pas l’observation en continue des phénomènes naturels.
Pour toutes ces raisons, Jean Pierre Vernant reconnaît à juste titre que :
« Les Grecs ont donc utilisé des observations, des techniques et des instruments que d’autres avaient mis au point" [3].

3- Thalès : un étudiant grec en Afrique noire
Pour le géographe grec Strabon, il est clair que ses compatriotes ont puisé dans les annales de l’Afrique ancienne, tous les savoirs qui leur manquait. Il le prouve dans en déclarant à propos de l’invention du calendrier [4] :
"Et si le monde leur doit (à savoir les Egyptiens) de savoir aujourd’hui combien de fractions de jours il faut ajouter aux 365 jours pleins pour avoir une année complète, les Grecs ont ignoré la durée vraie de l’année et bien d’autres faits de même nature, jusqu’à ce que des traductions en langue grecque des mémoires des prêtres égyptiens aient répandu ces notions parmi les astronomes modernes, qui ont continué jusqu’à présent à puiser largement dans cette même source comme dans les écrits et observations des Chaldéens".
- STRABON
Pourtant, cette vérité historique n’empêche pas les auteurs du magazine scientifique "Sciences et Vie" [5] de divulguer les fausses informations suivantes :
"Les scribes égyptiens et mésopotamiens ont-ils établi des lois mathématiques ? Nous ne les avons pas trouvées, ou ils ne les ont pas consignées. Mais leurs solutions sont exactes ou finement approximative (...) Ils se servaient -avant lettre- des théorèmes de Thalès et de Pythagore, sans que l’on sache si c’était conceptuellement ou intuitivement (...)".
La science en tant que spéculation intellectuelle est née en Grèce au Vème siècle avant notre ère"(...) Pourquoi n’est-ce pas en Mésopotamie, en Egypte, en Chine ou en Inde qu’est née ce que nous appelons la science ?
Bref leur attitude est pathétique, d’autant plus que les savants grecs nous ont légué une multitude de témoignages sur le séjour d’étude qu’a effectué Thalès en Afrique noire, avant de fonder, à son retour en Grèce, son école.

Voyons ces témoignages !
Platon dans la "République" [6] nous donne des indications précieuses sur l’initiation de Thalès aux sciences égyptiennes :
"Thalès, fils d’Examyas, de Milet, Phénicien d’après Hérodote. Il porta le premier le nom de Sage. En effet, il trouva que l’éclipse du soleil provient de ce que la Lune lui fait écran ; il fut le premier Grec à découvrir la Petite Ourse, les solstices et la taille ainsi que la nature du soleil. L’eau est le principe des éléments. Il reçut en Egypte l’éducation des prêtres". Il reçut en Egypte l’éducation des prêtres nous dit donc Platon. L’emploi du mot "éducation" ici est relativement explicite.
L’écrivain grec Diogène Laërce (300 après J. C.) nous confirme encore que les connaissances de Thalès en matière d’astronomie et de géométrie lui viennent d’Egypte [7] :
« Il (Thalès de Milet) n’eut point de maître, excepté le fait que lors de son séjour en Egypte, il vécut auprès des prêtres » . En résumé, les Egyptiens furent les maîtres de Thalès.
Plutarque nous renseigne encore sur la manière dont Thalès finançait ses études en Egypte [8] :
"Thalès, à ce qu’on prétend et Hippocrate de Chios, le mathématicien ont fait du commerce et Platon couvrit ses frais de voyage en vendant de l’huile en Egypte".
Et il ajoute dans son "traité d’Isis et Osiris" :
"C’est, pense-t-on, pour l’avoir appris des Egyptiens, qu’Homère et Thalès posaient l’eau comme le principe et l’origine de toutes choses".
Références bibliographiques:
[1] Cf. Jean Pierre Vernant, "Mythes et pensée chez les Grecs", éd. La découverte
[2] Cf. Flavius Josèphe , Contre Apion
[3] Cf. Jean Pierre Vernant, idem.
[4] Cf. Strabon, Géographie, livre XVII
[5] Cf. Sciences et Vie, n° 965.
[6] Cf. Platon, République, X, 600 a. Scolie
[7] Cf. Diogène Laërce, Vies, Thalès.
[8] Cf. Plutarque, Solon 2
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