JAHFILS
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Ce texte devrait être, avec la loi Lamine Gueye , considéré comme une des étapes les plus importantes dans l'histoire du progrès démocratique en France. Mais non, ce n'est pas le cas.. On ne les commémore pas. 

 Les deux textes ont été obtenus par des Noirs, ce qui est très perturbant. L'idéologie française voudrait que la France apporte aux Noirs les lumières démocratiques, et non l'inverse.

Esclavage et travail forcé

               L’abolition de l’esclavage de 1848 en France, oeuvre de Victor Schoelcher, supprime le travail forcé imposé par des particuliers. Pour raisons humanitaires, certes, mais aussi parce qu'il risquait de déstabiliser les colonies.

             Le préambule du décret du 27 avril abolissant l'esclavage est très clair sur son objectif de désamorcer un soulèvement :
 

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Considérant que l'esclavage est un attentat contre la dignité humaine ; Qu'en détruisant le libre arbitre de l'homme, il supprime le principe naturel du droit et du devoir ; Qu'il est une violation flagrante du dogme républicain " Liberté-Egalité-Fraternité "; 
            
 Considérant que, si des mesures effectives ne suivaient pas de très près la proclamation déjà faite du principe de l'abolition, il en pourrait résulter dans les colonies les plus déplorables désordres (...)

 
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           Dans le principe, le travail forcé sera justifié par la troisième République française de deux façons. D’abord par le passage de l’impôt en argent à l’impôt en travail ; ensuite par la nécessité publique des grands travaux, gourmands en main d’oeuvre.
          Le travail forcé, service public, remplace l’esclavage, service privé. Pour le mettre en pratique, partout dans l’empire français, les méthodes sont les mêmes : réquisitions, assignations des « improductifs », rafles. 

 
  
" Ces prestations étaient  effectuées le plus souvent dans des conditions effroyables : déplacement de populations entières, travail forcené et démesuré, discipline de fer et usage intempestif de la chicote, hygiène et nourriture plus que défaillantes, salaires de misère.
              … Si la Grande-Bretagne eut peu recours au travail forcé, la France, la Belgique et le Portugal en firent un très large usage, institutionnalisant le procédé : dans leurs colonies, celui-ci concernait des millions d’Africains ".

(Afrique Noire, Histoire et civilisations Tome 2. Elikia M’Bokolo. Ed Hatier Coll. Universités francophones.1992)
 
 

Madagascar :

               En 1897, le général Gallieni, gouverneur de l'île, généralise l'usage du fanompoana (corvée) de 50 jours par an à tous les Malgaches mâles de 16 à 60 ans.
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 " L'esclavage à aucune époque n'avait atteint ce caractère de cruauté et les fonctionnaires exploitaient les corvéables jusqu'à l'extrême limite de leurs forces. On a établi que le fanompoana (corvée) causait la mort de 20 % des travailleurs employés.
        ... Malgré les services rendus par le fanompoana à Madagascar, il aurait mieux valu ne jamais l'appliquer que de soumettre tout un peuple à la condamnation aux travaux publics. "

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Source : Basset, Thèse de doctorat en droit , Paris, 1903. Citée par A. Rakotondrainibe, Journées d'études malgaches , 1955, p. 19-20

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 " Dès 1916, l'administration utilisait la persuasion active pour alimenter les chantiers en travailleurs. Mais en 1919, une méthode plus radicale est mise en place : le Telopoloandro, ou corvée rémunérée de 30 jours. Son origine remonte à l'arrêté du 7 avril 1916, qui l'instituait au profit des exploitants de graphite. Sur intervention du ministre, ce texte fut rapporté en octobre 1916. Mais, comme si de rien n'était, il sert de base aux rafles de travailleurs effectuées dans la province de Moramanga tout au long des années 1917 à 1920 pour la construction du chemin de fer M.L.A. (Moramanga - lac Alaotra)
Dans le Vakinankaratra, la corvée de 30 jours semble dater du premier semestre 1919 : c'est ce que suggère le mémorandum du pasteur Parrot. Citant le cas de nombreux indigènes des régions d'Antsirabe et Betafo, d'abord réquisitionnés en mai-juin 1919 comme porteurs pour 2 voyages de Betafo à Miandrivazo, puis expédiés sur les chantiers de route et de reboisement sur le domaine forestier du chemin de fer, il ajoute:

" Ces corvées terminées, dénommées les 30 jours, bien qu'elles aient duré en moyenne de 40 à 60 jours, et au moment où les susdits cultivateurs se préparaient à labourer leurs rizières..." (Nous sommes donc en octobre), " un grand nombre d'entre eux furent expédiés aux chantiers de chemin de fer où la plupart restèrent 60 à 80 jours ".
 
     De nombreux paysans auraient fait ainsi 150 jours de corvée en 1919, pour des salaires dérisoires."
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- A.R.M. D-364 CC - " Mémoire présenté à M. le colonel Garbit, Gouverneur Général de Madagascar et dépendances, sur les abus dont la population malgache est victime dans la province du Vakinankaratra ", 10 11 1920.
Source   : Jean Fremigacci, Mise en valeur coloniale et travail forcé : la construction du chemin de fer Tananarive-Antsirabe (1911-1913), Omaly sy Anio n°1-2 1975 , p. 102-103
   
Le SMOTIG (Service de la Main d’œuvre pour les Travaux d’Intérêt Général), fixé par décret du 3 juin 1926, est créé par le gouverneur général Marcel Olivier en vue de procurer la main-d'œuvre aux travaux publics. Il impose aux jeunes Malgaches une période de trois ans, puis deux ans, de travail forcé. 
Les travaux imposés sont extrêmement pénibles. Le chantier de la ligne ferroviaire F.C.E.  commencent le 1er juin 1927 avec un effectif de 500 hommes, chiffre qui augmente progressivement pour atteindre 8 300.

La multiplicité des ouvrages d'art, souterrains pour la plupart, indique assez le profil difficile de la ligne. Elle part de Fianarantsoa, point culminant du tracé à l'altitude de 1093m, traverse la plaine de la Matsiatra, puis descend la falaise passant de la cote 1 054 à la cote 385 en 25km. Elle emprunte ensuite la vallée de Faraony qu'elle quitte en franchissant une chaîne de collines pour se diriger sur Manakara à la cote 4, à travers la vaste plaine des marais d'Ambila. La FCE passe par 16 gares se succédant à une distance moyenne de 10km.

Guyanne

           Après l'abolition de l'esclavage en 1848, la loi du 30 avril 1849 prévoit une indemnisation des maîtres pour la perte de leurs esclaves. En Guyanne, il est demandé aux anciens esclaves d'indemniser eux-mêmes les maîtres, en consentant à un travail forcé de douze années, sans salaire. Beaucoup d'entre eux fuient vers la forêt amazonienne, le Surinam ou les Antilles.

Sénégal

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     " Les administrateurs, les commandants militaires des cercles reçoivent I'ordre de recruter dans leurs districts un nombre determiné de sujets ; en même temps, on met a leur disposition les sommes importantes que cette opération exigera. A partir de ce moment, dans ces postes-là, le registre des engagements volontaires (?) est ouvert, c'est-à-dire que les caravaniers marchands d'esclaves sont admis a présenter au commandant leur marchandise; à partir de ce moment aussi, le genre de trafic auquel on va se livrer ne s'appellera plus la traite mais un acte de libération, l'esclave ne sera plus un esclave mais un engagé.
          Ces malheureux arrivent escortés par leurs maîtres, dans un état de complète nudité". [...] Ils ont presque toujours le carcan au cou et des entraves aux mains. [...] Quant au négrier muni du restant de la somme (les deux tiers environ), il se replonge dans la brousse pour se livrer plus ardemment encore à la chasse à l'homme, le trafic des esclaves étant, grâce à ce débouché, plus lucratif pour lui que les autres commerces, et d'une sécurité absolue. "
En 1905 on dénombre 300 000 personnes "non-libres", soit plus du tiers de la population..(2/4)     

 
 
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